La PCH, un soutien adapté à la perte d’autonomie

La PCH est une aide financière dédiée aux personnes handicapées, destinée à prendre en charge une partie des surcoûts liés à la perte d’autonomie. Elle s’adresse aux enfants comme aux adultes, et n’est pas soumise à condition de ressources. Dans le cadre d’un cancer, elle peut concerner les situations où le traitement, la maladie, ou leurs conséquences entraînent des limitations durables dans la vie quotidienne.

En 2022, près de 375 000 personnes ont bénéficié d’au moins une composante de la PCH en France (DREES). Mais seulement une minorité de personnes touchées par un cancer y a recours, souvent par méconnaissance de ses critères ou d’une vision trop restrictive du handicap.

Pour qui ? Les publics éligibles à la PCH pendant un cancer

La PCH ne s’adresse pas à tous les malades du cancer, mais à ceux pour qui la maladie ou le traitement entraîne une vraie perte d’autonomie durable. Plusieurs critères généraux doivent être réunis :

  • Résider de façon stable et régulière en France (nationalité française ou séjour régulier avec titre de séjour si besoin)
  • Avoir moins de 60 ans au moment de la première demande (sauf exceptions expliquées plus loin)
  • Justifier d’une difficulté grave et durable à réaliser au moins une activité essentielle du quotidien (voir plus bas)

La notion d’âge et d’exception au-delà de 60 ans

Par défaut, la demande de PCH doit être faite avant 60 ans. Néanmoins, une personne diagnostiquée d’un cancer après 60 ans peut également être éligible si elle travaillait encore ou était déjà bénéficiaire de l’AAH, ou d’une reconnaissance de la qualité de travailleur handicapé (RQTH) avant ses 60 ans. Depuis le 1er janvier 2021, les personnes âgées peuvent aussi demander la PCH pour des besoins spécifiques, mais sous conditions – la distinction avec l’APA (allocation personnalisée d’autonomie) reste majeure après 60 ans.

Les critères d’éligibilité à la PCH appliqués au cancer

L’attribution de la PCH repose sur une évaluation individuelle par l’équipe pluridisciplinaire de la MDPH (Maison Départementale des Personnes Handicapées). L’enjeu est d’apprécier la gravité et la durabilité des limitations fonctionnelles liées au cancer ou à ses traitements.

1. Une difficulté grave à effectuer des actes essentiels

La PCH vise la perte d’autonomie, non la maladie en elle-même. Cinq domaines clés sont évalués :

  • Se laver
  • S’habiller / se déshabiller
  • Se déplacer au sein du logement ou à l’extérieur
  • Manger et boire
  • Communiquer (parler, entendre, voir…)

Une difficulté grave signifie le besoin d’aides régulières pour exécuter ces gestes. En cas de cancer, cela peut concerner, par exemple, des personnes ayant perdu l’usage d’un membre après chirurgie, souffrant de séquelles neurologiques après traitement (comme dans certains cancers du cerveau), ou encore une grande fatigue qui rend l’autonomie impossible.

2. Une limitation durable : notion de « 6 mois minimum »

Pour ouvrir droit à la PCH, la difficulté doit être durable : c’est-à-dire susceptible de durer au moins 6 mois consécutifs (ou être définitive). Cette durée s’apprécie au regard de l’état de santé actuel et des séquelles prévisibles.

Ainsi, une chimiothérapie temporaire qui provoque une grosse fatigue mais sans séquelles durables ne donnera généralement pas accès à la PCH. En revanche, une perte de mobilité installée ou des troubles cognitifs persistants, même post-cancer, peuvent légitimer la demande.

3. Les critères d’aide humaine, technique, aménagement, etc.

La PCH peut couvrir différents types de besoins :

  • Aide humaine : intervention d’un aidant pour l’accomplissement des actes essentiels
  • Aide technique : financement de matériel (fauteuil roulant, verticalisateur, etc.)
  • Aménagement du logement ou du véhicule : adaptation de la salle de bains, rampe d’accès, modifications de véhicule…
  • Frais spécifiques ou exceptionnels en lien direct avec la perte d’autonomie (prothèses, protections, etc.)

Pour chaque type d’aide, la MDPH vérifie que la demande relève bien de la conséquence directe de la perte d’autonomie causée par le cancer ou ses traitements.

Quelques situations concrètes de cancer concernées

La PCH peut s’appliquer dans les situations suivantes souvent rencontrées en Île-de-France :

  • Patients jeunes (moins de 60 ans) en situation de handicap moteur durable après un cancer osseux ou des interventions orthopédiques lourdes
  • Personnes concernées par des séquelles neurologiques après une tumeur cérébrale
  • Cancers ayant entraîné une amputation (membre supérieur ou inférieur)
  • Grandes fatigues post-chirurgie ou chimiothérapie, chez des patients dont l’autonomie ne revient pas à court terme
  • Séquelles ORL sévères (troubles de la parole ou de la déglutition après laryngectomie)

À l’inverse, la majorité des personnes traitées pour un cancer localisé ou curable, sans perte de mobilité ou autonomie, ne correspondent pas au profil d’éligibilité.

Dossier, procédure : comment faire valoir ses droits en Île-de-France ?

La demande de PCH s’effectue auprès de la MDPH de son département. L’évaluation considère le vécu du malade et l’avis des professionnels de santé.

Les étapes :

  1. Constituer un dossier MDPH : formulaire harmonisé Cerfa n°15692*01, bilan médical détaillé, justificatifs d’identité et de domicile, certificat médical (Cerfa n°15695*01 de moins de 6 mois).
  2. Joindre tout document médical justifiant des séquelles/limitations : comptes-rendus hospitaliers, rapport d’une équipe de rééducation, d’un ergothérapeute ou d’un kinésithérapeute…
  3. Transmettre le dossier à la MDPH (en ligne ou par courrier, contacts selon département : cf CNSA)
  4. Évaluation et audition : la MDPH peut solliciter une visite à domicile ou un entretien complémentaire pour mieux apprécier la situation.
  5. Notification de la décision dans un délai de 4 à 6 mois en moyenne (varie selon les départements d’Île-de-France).

La PCH n’est pas rétroactive : elle commence à courir à la date du dépôt de la demande, pas avant.

Conseils pratiques pour maximiser ses chances de reconnaissance

  • Bien détailler l’impact des limitations au quotidien : éviter les généralités, mais décrire comment le cancer vous empêche d’agir seule/ seul (ex : « ne peux plus me servir à manger, me laver sans aide, monter les escaliers »…)
  • Demander à son médecin spécialiste ou généraliste des comptes-rendus précis : avec un volet fonctionnel (ce que la personne peut/ ne peut plus faire, et pour combien de temps).
  • Envisager l’appui d’un travailleur social de l’hôpital, d’un conseiller de la Ligue contre le Cancer, ou d’une association comme APF France handicap ou la Maison des Usagers locale, pour relire le dossier.
  • Garder une copie de tous les documents et convenir d’un suivi du dossier : la MDPH d’Île-de-France accuse souvent réception et permet un suivi par téléphone ou portail en ligne.
  • En cas de refus estimé injustifié, exercer un recours administratif gracieux ou contentieux, conseillé par un assistant social ou association pour étayer l’argumentation.

Liens et ressources franciliennes utiles

PCH et cancer : quelles perspectives au-delà de l’attribution ?

Si la PCH reste encore sous-demandée par les personnes touchées par un cancer, c’est souvent à cause d’idées reçues sur le handicap ou de démarches jugées complexes. Pourtant, son rôle est d’offrir une compensation, même temporaire, pour préserver au maximum l’autonomie et alléger le quotidien. Dans ce contexte, savoir ce qui « ouvre droit » est fondamental, mais être bien accompagné tout au long de la démarche l’est tout autant. Pour toute question sur la constitution d’un dossier ou sur les contacts dans son département, n’hésitez pas à solliciter une structure d’accompagnement ou à vous rapprocher de la MDPH dont vous dépendez. L’information, l’écoute, et le soutien associatif font la différence pour chaque parcours.

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